Le fabuleux destin des "diziler" en Egypte
Farida Gad El Hak  1@  
1 : Université du Caire (Gameat El Kahera)  (CU)  -  Website
Département de langue et de littérature françaises- Faculté des Lettres-Université du Caire Rue al-Gamaa, Giza -  Égypte

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Cette recherche se propose d'étudier la question de la réception des séries télévisées turques dans la région arabe en général, et en Egypte en particulier. Ce pays représente un cas d'autant plus spécifique qu'il est non seulement le premier producteur de séries télévisées dans le monde arabe, mais également le premier exportateur de ces séries dans la région, et ce, dès les années 80. C'est à partir de 2006 que les "diziler" se sont peu à peu imposées sur la scène égyptienne, changeant les habitudes de visionnage du public, arrivant même jusqu'à supplanter les séries locales dans certains cas. L'analyse tentera de cerner les diverses raisons à l'origine de ce changement résultant de ce qui a été considéré comme un "phénomène". Le succès foudroyant aidant, le nombre de séries va aller croissant, et l'accès devient beaucoup plus facile, puisque les diziler vont être diffusées- et rediffusées- un peu partout, permettant ainsi une plus vaste réception. 

 L'immense visionnage que vont connaître ces séries permettra par ailleurs de projeter des films turcs dans les salles de cinéma, une première en Egypte. Et c'est ainsi qu'avec la demande croissante de ces produits culturels, on assiste à un autre phénomène puisque le modèle turc va petit à petit s'ériger comme LE MODELE à suivre. Car il s'agit bien de modèle, perçu comme tel par les récepteurs égyptiens/arabes : la représentation mythifiée de la Turquie et des Turcs répondrait parfaitement aux rêves et aux désirs de ces récepteurs, lesquels ont vivement besoin d'évasion vers un monde aux couleurs plus belles et attrayantes que celles de ce qui constitue leur quotidien. Il ne faut point oublier que le modèle turc a été de plus en plus véhiculé ces dernières années dans le discours médiatique comme le modèle à suivre, que ce soit sur le plan culturel ou politique. La question de la réception est par conséquent à lire et à situer dans ce contexte précis de valorisation de tout ce qui a trait à la Turquie .Ce pays offrirait ainsi la concrétisation parfaite de l'amalgame entre tradition –islamique en l'occurrence- et modernité.

Ce modèle devient d'autant plus proche du récepteur égyptien/arabe que le principal obstacle pour la diffusion des diziler en terre arabe- à savoir la langue- est facilement surmonté , puisque celles-ci sont doublées .En effet, ces séries sont présentées en dialecte syrien ( ou shami ), l'emploi de ce dialecte réussissant à rendre l'identification des récepteurs avec les héros des séries plus facile, leur destin devenant en quelque sorte commun grâce à l'identité linguistique/ culturelle.

Au terme de l'analyse, la présente recherche essaiera d'apporter quelques éléments de réponse aux diverses questions soulevées: peut-on saisir un certain changement dans les mentalités égyptiennes ? Comment s'articulent les rapports entre le culturel et le politique? Et comment les hauts et les bas des relations politiques égypto-turques durant les trois dernières années -depuis l'avènement du " Printemps arabe"- ont-ils influé sur la réception des diziler en Egypte?

 


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